Équipage…


EQUIPAGE Architecture, c’est d’abord…

// Un constat //

Un constat, effectué dès 1994, définissant la mutation, la transformation, l’évolution du patrimoine comme un acte créatif au même titre – et peut être plus important – que la création ex nihilo.

Qui pose que de la relecture d’un site, d’un bâtiment, d’un paysage, on peut non-seulement tirer du renouveau  mais également de l’inattendu. Et que souvent par le décalage entre la volonté rationnelle de la saine conception et l’inattendu des confrontations, la poésie s’installe.

Qui pose, enfin, qu’en matière d’architecture comme en matière d’humanité c’est le dialogue (entre les personnes, entre les âges, entres les architectes et les architectures…) qui toujours permet d’accroître l’étendue de nos possibilités.

La dimension économique n’est en rien absente de cette constatation: source  de possibilités mais également de contraintes, la situation financière des maîtres d’ouvrage poussent à se poser la question du recouvrement de la matière. Sujet impie il y a encore quelques années, la transformation du bâti et de fait la restauration et l’appropriation d’un patrimoine de plus en plus large, devient la matière première de nos métiers. Avec le risque que tout devienne patrimonial et que sous couvert de développement durable à tout crin, la matière soit dévitalisée.

// Une idée//

Une idée selon laquelle on ne peut laisser à l’abandon des pans entiers de notre Histoire commune, indispensables au concept même de mémoire.

Une idée déterminée, qui veut que lorsque l’on cherche à défendre ou à combattre, à sauvegarder ou à abimer, une pensée, un acte, une période (autant de réalités portées par l’architecture) ; la véritable méthode n’est jamais de détruire, mais de transformer. Une idée, enfin, selon laquelle les contraintes économiques peuvent aisément donner naissance à des richesses de cultures.

// Une volonté//

Volonté d’aller vers le bâti existant comme d’autres vont vers leur Histoire.

Non pas simplement en poursuivant un but mémoriel  mais avec la ferme intention d’apprendre. Or toute la pertinence de l’architecture de transformation demeure dans la relation qui existe entre apprentissage et connaissance.

// Une méthode//

Notre expérience nous permet de développer des réponses aux réalités économiques et politiques de manière ciblée.

Au-delà d’une reproduction de formes souvent épuisées, la mise en œuvre d’un raisonnement constructif, basé sur la réutilisation, pour libérer la dimension sensible de l’espace est nécessaire.

En sommes, participer de la mutation du bâti, c’est d’abord se le réapproprier : fonction de son utilité, de son « rôle » initial et actuel. Est-il purement esthétique, est-il appelé à changer régulièrement de fonction ?

Le but recherché étant de rétablir le lien entre un lieu qui n’ « existe » plus tout à fait et une humanité qui ne l’attend plus vraiment.

Se le réapproprier, fonction de son poids mémoriel. Apparaît ici la notion de « couches de mémoires »: Mémoire de l’individu mais également mémoire des siècles ou de l’humanité.

C’est une forme de dialogue entre les souvenirs des hommes et la mémoire des siècles.

Et puisque somme, « réhabiliter » consiste à transformer les mémoires invisibles en réalités matérielles, une forme de respect entre les architectures semble nécessaire à travers les siècles : il s’agit donc tout à la fois de répondre à l’usage du moment mais également de doter le bâti d’un aspect symbolique qui participe du dialogue entre les époques et les individus.

Équipage c’est en définitive une promesse : une promesse faite à ceux qui, en dépit des époques et des hommes, veulent croire à l’exact opposé de ce qu’affirme Kundera dans La Plaisanterie : « tout sera oublié et rien ne sera réparé. »…